L'éducation
Eu égard à leur réputation de rudesse et de violence, on croit souvent, à tort, que les Cosaques étaient des gens frustes et incultes. Leurs établissements, certes isolés, n’en étaient pas moins riches par rapport au reste de la Russie. Exempts d’impôts, possesseurs d’importants troupeaux, de terres fertiles, de vastes propriétés, les Cosaques avaient des moyens supérieurs à la moyenne et qui leur permirent de construire des écoles, des églises et des hôpitaux.
Avec la montée en importance des femmes dans les communautés, l’éducation et l’instruction publique s’en trouvèrent renforcées. La plupart des voïskos avaient non seulement des écoles primaires pour les filles et les garçons, mais aussi des séminaires assurant les formations liées à l’Église, des universités et des gymnases ou des collèges pour les études supérieures, comme l’économie agricole, la médecine ou le génie civil. À la fin de l’Empire, le Don avait deux instituts polytechniques, un vétérinaire, un d’architecture et un d’agriculture, une faculté de médecine et une pour le corps enseignant, des lycées techniques, des écoles commerciales, et même une université populaire.

Pourtant, ce n’est qu’assez tardivement que l’alphabétisation se répandit dans les stanitsas russes. Avant les débuts du XIXe siècle, seuls les secrétaires et autres personnages administratifs maniaient véritablement l’écriture. Pour le reste, une écrasante majorité des hommes et des femmes étaient illettrés. Mais au tournant du XXe siècle, en Russie, le taux de scolarisation des enfants cosaques atteignait quelque 96 % !

En Ukraine, en revanche, la situation était inversée puisqu’à la fin de l’Empire, alors qu’à proprement parler la cosaquerie n’existait plus dans le pays, le taux d’alphabétisation des provinces ukrainiennes n’était que de 14 %, en grande partie en raison de l’intense russification dont elles furent victimes depuis leur annexion. Mais auparavant, les Cosaques d’Ukraine, au contraire de leurs cousins russes, avaient développé une véritable culture de l’écrit. Chaque village, y compris en Zaporogie, possédait plusieurs écoles, de nombreuses églises et des collèges de musique et de chant. Des historiographes se mirent au travail dans l’Hetmanat et initièrent une véritable littérature cosaque.
Mais le plus important de l’éducation, pour les Cosaques, restait la transmission de leur savoir traditionnel, celui qui assurait la pérennité de leur nation guerrière. L’entraînement militaire commençait à la naissance du Cosaque et se poursuivait durant toute son existence.

Tout au long de son enfance à la stanitsa, le fils était entraîné par son père en vue de sa carrière de soldat, privilégiant la gymnastique et les exercices physiques. Il apprenait l’équitation, le tir de précision, le maniement des armes. Pour la prise en main du sabre, il fallait à l’enfant cosaque acquérir l’angle idéal de coupe qui permettait de trancher un adversaire de haut en bas depuis son cheval; tout un art !

Mais la guerre n’était pas tout et le petit cosaque devait encore apprendre les bases de la vie en société: tresser des nasses pour la pêche, naviguer, chasser, construire sa maison, boire, chanter et danser...